Une perfection absolue ?

L’interprétation de l’œuvre musicale n’épuise jamais son objet.
Il est remarquable de noter que les plus grands interprètes eux-mêmes reprennent plusieurs fois le même ouvrage, pour en offrir une approche plus aboutie, plus riche, …

Et pourtant, à chaque étape, nous percevons qu’on touche à la « perfection absolue ». Comme l’expliquait, un jour dans une émission du matin (Première Édition, F.Culture), Yves Angelo, le réalisateur de « Sur le bout des doigts », cette perfection absolue de l’interprétation musicale fait bien partie de notre quotidien, ce n’est pas un idéal inaccessible.
Nous sommes dans la perfection absolue quand la musique est en adéquation parfaite avec nos émotions, dans le moment de l’exécution. Vous voyez bien, je pense, de quoi je veux parler. Et cette perfection absolue est reconductible, par un chemin long et parfois difficile, dans une recherche permanente. L’idéal est, en outre, l’adéquation avec la création, non seulement à travers ce que le créateur a lui-même apporté, mais dans l’ouverture et l’enrichissement magistral de l’expérience accumulée de nos vies respectives. Et là, il n’y a pas de limites. La marche n’atteint pas le but, mais reste toujours une longue marche d’approche.

Et quelle richesse dans cette approche !

Nicolas Bouvier ajoute, admirablement:
 » Cette impossibilité à dire absolument la création, cette marche nocturne et tâtonnante vers un point d’eau que la fugacité, la précarité mais aussi la lourdeur de la condition humaine nous interdisent à tout jamais d’atteindre est sans doute le plus grand cadeau qu’un vivant puisse faire à son semblable. »

Le Hall de la chanson

Découvert Le Hall de la Chanson, le site web du « Centre National du Patrimoine de la Chanson, des Variétés et des Musiques Actuelles ».

A la fois musée de la chanson et panorama de la chanson contemporaine et des musiques actuelles : il y en a pour tous les goûts, avec de nombreux extraits musicaux, des conférences en vidéo, un podcast…

Un beau site, très riche, je recommande !

Schumann / Aquarius

Découvert la semaine dernière dans le bac « nouveautés » d’un disquaire lillois, ce disque : Schumann « Romances and Ballads », l’intégrale des romances et ballades pour choeur, enregistré chez Naxos par Aquarius, dirigé par Marc Michael de Smet…

Schumann Aquarius

OEuvres chorales de Schumann, un choeur « ami »*, et, comme toujours chez Naxos, un prix très doux… pas d’hésitation…

Retour à la maison, le disque dans la platine CD… et une heure et quart de plaisir musical…

N’hésitez pas !

Pour vous faire une idée, vous pouvez écouter des extraits sur le site de Naxos (25 % de chaque piste du CD) – mais pour cela il faut s’inscrire en ligne…

Le Madrigal et Aquarius

* nous avons eu l’occasion d’inviter Aquarius (à l’époque Goeyvaerts Consort) à deux reprises à Lille :

  • en mars 2000 pour un programme de musique sacrée contemporaine (Bikkembergs et Bialas), en l’église des Dominicains (voir le compte-rendu)
  • et au printemps 2002 pour une magistrale interprétation du Kanon Pokkajanen d’Arvo Pärt, toujours en l’église des Dominicains ; nous avions également organisé une master-class avec Marc Michael de Smet au conservatoire de Lille (voir le compte-rendu)

Prochains concerts d’Aquarius dans la région : voir ici

Concerts en Nord Pas-de-Calais

Voici quelques concerts que nous vous recommandons :

Le Choeur National des Jeunes A Coeur Joie

Samedi 20 Octobre 2007-19H Auditorium Saint Omer

Depuis les Choralies 2007, il a remporté plusieurs récompenses au concours International d’Arezzo en Italie, concours qui compte parmi les 6 plus grands concours de chant choral en Europe. Emportant le Grand Prix de la Ville d’Arezzo, il se mesurera aux vainqueurs des autres concours européens ( Tours, Tolossa, Varna, Gorizzia) à Debrecen en Hongrie en mars 2008 pour le Grand Prix Européen de Chant choral.
Le Choeur National des Jeunes A Cœur Joie est composé de 28 choristes, âgés de 18 à 28 ans, recrutés sur audition individuelle dans toute la France.
Lors de sa création, il a été dirigé par Antoine DUBOIS, et, actuellement, c’est Valérie FAYET, assistée de Pierre MERVANT, qui assure la direction musicale. Son programme de travail est entièrement consacré à la musique a capella, et comporte des oeuvres de diverses époques avec toutefois une prédilection pour la musique du XX° siècle.

Aquarius – direction Marc Michael De Smet

donnera 2 concerts dans la région.

  • Le jeudi 6 décembre 2007 à 18h30 au Conservatoire de Lille (gde salle). Au programme: magnifiques musiques de N.Rosseau, A.Pärt, L.Posman, S.Barber, Th.Sigurbjörnsson et Vincent Paulet.
  • Le mercredi 19 mars 2008 à 20h à Rekkem (Menin, juste derrière la frontière au nord de Lille): Le Kanon Pokajanen de A.Pärt (au complet, les 2h de musique).

Le Madrigal et Aquarius

* nous avons eu l’occasion d’inviter Aquarius (à l’époque Goeyvaerts Consort) à deux reprises à Lille :

  • en 2000 pour un programme de musique sacrée contemporaine (Bikkembergs et Bialas), en l’église des Dominicains (voir le compte-rendu)
  • et au printemps 2002 pour une magistrale interprétation du Kanon Pokkajanen d’Arvo Pärt, toujours en l’église des Dominicains ; nous avions également organisé une master-class avec Marc Michael de Smet au conservatoire de Lille (voir le compte-rendu)
  • le site d’Aquarius

Europa Cantat – cru 2007

Bonjour à tous,

Voilà quelques lignes pour vous faire partager la semaine que nous avons passée, Vincent, Hélène, Sophie, Véro et moi à Ljubjana à l’occasion d’Europa Cantat. Une semaine de travail mais aussi de rencontres, d’échanges et d’émotions qui nous laisse aujourd’hui à tous un très beau souvenir. Seule présence française, nous avons vite été surnommés par Gary Graden, notre chef pour cette session, non pas « Vincent et ses drôles de dames » mais, allez savoir pourquoi, la « French mafia » …

Nous étions 130 chanteurs, venus du monde entier (Canadiens, Espagnols, Basques, Serbes, Croates, Anglais, …) autour d’un programme contemporain (Gunnar Eriksson, Bo Hansson, Michael Weldenby, Ambroz Copi, Andrej Misson, Urmaz Sisak, …). Quant à notre chef, Gary Graden, un américain vivant en Suède, il a conduit la semaine avec une énergie positive telle qu’elle mérite d’être soulignée, toujours à l’écoute de chacun. Pour ceux d’entre vous qui maitrisent le Suédois, vous pouvez trouver quelques informations sur son travail ici.  J’ai aussi trouvé quelques infos sur la version italienne de Wikipédia : http://it.wikipedia.org/wiki/Gary_Graden.

L’ensemble allemand Singer Pur était présent pour faire travailler de petits ensembles. Cela a été l’occasion de découvrir (ou redécouvrir) ce sextett (5 hommes et 1 femme) avec grand plaisir. Nous étions tous sous le charme à la fin de la semaine. Le site de Singer Pur

Le temps libre était occupé par la découverte de la région et par divers cafés, apéritifs, restaurants, glaces (surtout Vincent ;-)… tout cela sous le soleil Slovène. (après le travail des partitions, est-il besoin de le rappeler!)

Je n’ai malheureusement rien à vous faire écouter. Nous avons bien été enregistrés par la radio Slovène mais … à ce jour nous n’avons rien réussi à retrouver.

Si vous cherchez des infos sur les prochaines sessions d’Europa Cantat, les programmes, les inscriptions, … tout est sur ce site.

Marie

slovenie

L'Arpeggiata … quel plaisir !

J’ai découvert le magnifique album de Christina Puhar – et de l’ensemble Arpeggiata, avec les King Singers – intitulé Los Impossibles, publié fin 2006 par le label Naïve (voir le site). C. Puhar explore un répertoire inédit de musiques espagnoles et mexicaines du 17e s., ainsi que les Negrillos, chansons étranges, dans un sabir pseudo portugais censé être parlé par les esclaves noirs, découvertes dans un manuscrit du monastère de Coimbra au Portugal. L’improvisation et le mélange, le métissage des genres sont au fondement de son travail.

L’album est un vrai régal, d’autant que l’éditeur y joint un DVD enregistré en répétition: le plaisir de chanter et de jouer est tellement évident, tellement puissant, qu’on y participe pleinement. A voir !

PS Les amateurs de Monteverdi auront une attention toute particulière pour l’interprétation de l’Orfeo, par R.Alessandrini, publiée tout récemment par Naïve, dans un album-coffret qui est un objet précieux en lui-même.

S'exclamer !

Il faut construire des possibilités de développer ce que j’appelle le circuit de l’exclamation. Un individu humain s’exclame. S’exclamer veut dire ici recevoir et rendre. Vous recevez un choc émotionnel que vous devez rendre, et vous ne pouvez pas ne pas exclamer la chose, ne serait-ce que par des onomatopées : oh ! ah ! Quand Cézanne peint la montagne Sainte-Victoire, il exclame sa stupéfaction devant cette montagne — ou tout aussi bien sa peine de ne plus la voir, de la perdre de vue. Nous nous exclamons en permanence, et de mille manières, même sans point d’exclamation, every time we claim, comme dit l’anglais. Toutes les ponctuations en sont des cas particuliers, et les points de suspension sont les silences où l’on entend une clameur — nous ne sommes alors plus très loin de la musique.

De la musique avant toute chose veut dire : l’exclamation d’abord — l’existence ne saurait se réduire à la subsistance. Être au monde, c’est s’exclamer. Nous nous exclamons déjà en parlant. Tout ce que nous disons et faisons est inscrit dans cet ordre qui est aussi un désordre. Les gestes sont de cet ordre, et de ce désordre, et Cézanne produit de tels gestes. Or, ces gestes renvoient toujours, de près ou de loin, à des techniques, objets, dispositifs. Le bonheur de vivre, c’est d’abord de s’exclamer au sens où s’exclamer veut finalement dire « s’exprimer » – mais ce mot est trop vieux et usé pour suffire à exprimer et à exclamer ce dont je vous parle.
Bernard Stiegler (Construire l’Europe).

Et en écho, Marina Tsvetaïeva citée par Erri De Luca (Le Chanteur des rues muet):

Ce n’est qu’au sommet de l’enthousiasme que l’être humain voit le monde exactement. Dieu créa le monde dans un enthousiasme.

Le mouvement

Cynthia Loemij, danseuse de la Compagnie Rosas, expliquait que le geste qui fonde le travail de la chorégraphe Anna Teresa De Keersmaeker est simple et s’illustre en deux interjections : le « boum » et le « hey ». Le « boum » marque la battue, le point d’impact, le rapport au sol, à la terre, mais aussi à la mort, au « lâcher prise ». Le « hey » est le cri de l’envol, de la posture aérienne, et symboliquement le mouvement de la vie.

Ces deux interjections ne s’illustrent pourtant pas dans un geste, mais s’expriment dans le souffle. Il y a là une belle analogie avec le travail du chanteur : dans le chant, le mouvement d’expiration – qui est celui de la profération, de la mélodie, du cri, … est un geste actif, tandis que le moment de l’inspiration correspond à la détente, à l’ouverture, il doit être le moment parfait du relâchement et de l’inactivité. Et non l’inverse. Le « boum » est donc inspiration, détente du ventre, du visage, reprise d’élasticité et retour vers le sol, ce qui est « en bas » ;  le « hey » est lié à l’expiration active, c’est le chant qui s’élève, le dessin aérien par excellence.