Hommage à Jacques Barathon

Le Madrigal remet à son répertoire « Syracuse » d’Henri Salvador, harmonisée pour le choeur par Jacques Barathon (1936-2003).

Je suis personnellement très heureux de cette reprise, d’abord parce qu’il s’agit d’une très belle chanson, très finement harmonisée « jazzy », mais aussi parce que la chanter me rappelle de bons moments musicaux et humains…

Jacques BarathonJ’ai en effet pu travailler à plusieurs reprises avec Jacques Barathon, dans le cadre de stages d’été (petits ensembles vocaux, direction de choeur), organisés par « Chemins de Musiques », à Saintes. J’ai pu apprécier ses grandes qualités de musicien et de pédagogue, ses qualités humaines, sa gentillesse. Je me rappelle aussi sa complicité amicale et musicale avec ses « compères » musiciens qui encadraient les stages : Marie-Claire Cottin, (pardon Marie-Claire, pour le masculin du mot, mais « commère », vraiment, ne te sied pas du tout !), Stéphane Caillat, Roland Lemaitre…

Alors en chantant Syracuse, j’aurai une petite pensée pour ce musicien et pédagogue dont j’ai pu croiser le chemin. Si le Ciel existe, il doit être, là-haut, en train de faire chanter les copains (et les autres)…

Bruno, basse.

Trouvé sur le web : un article d’hommage à Jacques Barathon.

Dante ANDREO

Dante AndreoDepuis quelques années, le Madrigal de Lille a mis à son répertoire des oeuvres du compositeur argentin Dante Andreo.

Nous avons eu l’occasion de le rencontrer et de travailler avec lui lors d’un week-end mémorable (plus de détails dans les archives)

Dante Andreo est né en Argentine en 1949. Il s’est consacré complètement à la musique chorale, notamment en se spécialisant en musique espagnole ancienne. Il est chef de choeur et compositeur d’un grand nombre d’oeuvres chorales tant religieuses que profanes. Les chants de la terre, chants de l’air, chant du feu ont été composés en 1997. Ils sont écrits pour 4 voix mixtes a capella. Les 3 cycles forment un enchaînement de pièces courtes, très expressives. Des pièces dansantes alternent avec des pièces plus dramatiques, à l’image de cette Espagne du début du 20e siècle, illustrée par Garcia Lorca. (Michel Pirson)

Au répertoire du Madrigal :

  • Les Cantos sur des poèmes de Federico Garcia Lorca (saisons 2005-2006 & 2006-2007) :
    • Cantos del agua
    • Cantos del aire
    • Cantos de la tierra
    • Cantos del fuego
  • Les cantos andinos (saisons 2004-2005, 2005-2006 & 2006-2007) : trois chants populaires andins harmonisés pour choeur
  • Deux tangos harmonisés pour choeur (saison 2007-2008)
    • Uno
    • Nostalgias
  • Cinq noëls populaires (Concert de Noël 2007)
    • El nacimiento
    • Arbolito
    • La peregrinacion
    • Mazapan
    • Los Reyes Magos

LES CANTOS DE FEDERICO GARCIA LORCA

Traduction Michel Pirson pour Le Madrigal de Lille

CANTOS DEL AGUA

Agua, donde vas ? (Onde, où t’en vas-tu) – in Romancero gitano

Onde, où t’en vas-tu ?
Je m’écoule en riant
jusqu’au bord de la mer
Mer, où t’en vas-tu ?
Remontant le cours d’eau je cherche
la fontaine où me reposer.
Que fais-tu, toi, peuplier ?
Je ne veux rien te dire,
Je ne puis que trembler !
Où lancer mes désirs
par le fleuve et la mer ?
(Quatre oiseaux se sont posés
sans but sur le haut peuplier) ».

CANTOS DE LA TIERRA

Tierra seca (Terre sèche) – in Poèmes de la solea

Terre sèche, terre quiète aux nuits immenses.
(vent dans l’oliveraie, vent dans la montagne)
Terre vieille, de la chandelle et de la peine.
Terre aux profondes citernes.
Terre de la mort sans yeux, et les flèches.
(vent par les chemins, brise dans les peupliers).

Sorpresa (Surprise) – in Poèmes de la Solea

Mort il resta dans la rue, un poignard dans la poitrine. Nul ne le connaissait. Comme tremblait le réverbère ! Mère ! comme il tremblait, le réverbère de la rue !
C’était l’aube, nul ne put paraître à ses yeux ouverts dans l’air dur. Mort, oui mort il resta dans la rue, un poignard dans la poitrine. Et personne, personne ne le connaissait.

CANTOS DEL AIRE

Serenata de Belisa – in Eros avec canne.

Sur les bords de la rivière, la nuit se baigne, et sur les seins de Lolita, meurent d’amour les bouquets.
La nuit nue chante à voix basse, sur les ponts de mars. Lolita lave son corps avec de l’eau de nard.
Ay ! Ils se meurent d’amour les bouquets.

Es verdad (C’est bien vrai) – in Andaluzas

Ah, qu’il me coûte de peine à t’aimer comme je t’aime!
Amoureux, l’air me fait mal, mon coeur et mon chapeau même.
Qui donc voudra m’acheter ce galon tressé de soie, cette tristesse de fil blanc à faire des mouchoirs ?
Ah, qu’il me coûte de peine à t’aimer comme je t’aime!

Remanso, cancion final (« retour au calme, étalement », chanson finale)

Déjà tombe la nuit, les rayons de lune frappent sur l’enclume du soir. Un grand arbre se défend avec les paroles des chanteurs, déjà tombe la nuit. Si tu viens me voir par les sentiers de l’air, tu me rencontreras pleurant, ay ! ma brune, tu me trouveras pleurant sous les grands peupliers.

CANTOS DEL FUEGO

La Lola

Elle lave sous l’oranger des langes de coton ; elle a les yeux verts, la voix violette.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs !
L’eau de la rigole était pleine de soleil, dans l’olivier chantait un moineau.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs !
Puis, lorsque Lola aura usé tout le savon, viendront les toreros.
Hélas ! amour, sous l’oranger en fleurs !

Il paso de la Siguiriya (Le passage de la Séguidille)

Parmi les papillons noirs, va une fille brune à côté d’un blanc serpent de brouillard.
Elle est enchaînée au frémissement d’un rythme qui jamais n’arrive ; elle a un coeur d’argent et un poignard dans la main droite.
Où vas-tu, séguidille, avec un rythme sans tête ? Quelle lune recueillera ta douleur de chaux et de laurier-rose ? Terre de lumière, ciel de terre.

Emil COSSETTO (1918-2006), l'héritage

Avec respect.

Emil CossettoLe 29 juin 2006, j’apprends avec une tristesse infinie le décès d’Emil Cossetto. Celui que nous nommions Maestro Cossetto s’est éteint après une longue maladie. Je l’avais revu quelques mois auparavant, immobilisé sur son lit à Zagreb, et lui que l’on m’avait dit fort diminué m’était alors apparu comme un homme plein de vie et de projets, parlant avec une émotion extraordinaire d’un opéra qu’il était en train de composer quand une attaque l’avait laissé à moitié paralysé.
Emil Cossetto était un homme d’une humanité profonde, riche, d’une énergie toujours renouvelée, d’une grande exigence pour lui-même, dans son travail de compositeur, comme dans la direction de choeur. Tous les anciens choristes de Joža Vlahovi? ou de Moša Pijade (les 2 chœurs principaux qu’il a dirigés pendant près de 60 années !) en parlent avec le plus grand respect.

Avec admiration.

Emil Cossetto est d’abord connu dans nos chorales pour quelques-unes des mélodies populaires les plus célèbres qu’il a harmonisées avec tant de talent : Moja Diridika, Letovanic, Tri Jetrve, … et pour la fameuse Rapsodia del Cante Jondo (sur des textes de F.Garcia Lorca) qui fut montée à Vaison et que beaucoup de chœurs – en France, en Belgique, en Espagne notamment, ont reprise depuis plus de 20 ans avec le même succès. Mais nous ne savons pas toujours qu’il était aussi un compositeur de musique pour piano – son instrument, de musique de chambre et de musique symphonique, … Je ne citerai pas ici les très nombreuses récompenses qui lui ont été décernées. Ce serait trop long.
Nous avons eu – depuis ma première rencontre avec lui à Namur en 1978, de longues conversations sur le sens de la pratique amateur, sur le rôle éducatif de la musique, sur le message de paix et de concorde qu’elle doit porter: j’ai une énorme admiration pour son engagement dans une musique accessible, populaire, sans concession. Il a toujours eu comme premier souci de composer et d’interpréter une musique qui parle au cœur de chacun.

Et avec gratitude.

Mes amis choristes de Zagreb, tous ceux qui l’ont connu dans le milieu amateur ou professionnel, moi-même dans ma longue pratique de chef de chœur et de formateur, nous savons tous que nous lui devons énormément. Cette gratitude va à l’homme et au musicien. Emil Cossetto a donné du sens, dans une vie entièrement consacrée à la musique et d’abord à la pratique amateur, à tout ce qui remplit nos vies aussi : le bonheur de chanter. Il a formé, avec rigueur et avec respect, des générations de musiciens.
La meilleure façon de lui rendre hommage est de continuer à chanter sa musique, à la diffuser, mais aussi à alimenter notre travail avec tout ce que Emil Cossetto nous a appris. Cet héritage est considérable.

Michel Pirson, Lille, été 2006.