L’interprétation de l’œuvre musicale n’épuise jamais son objet.
Il est remarquable de noter que les plus grands interprètes eux-mêmes reprennent plusieurs fois le même ouvrage, pour en offrir une approche plus aboutie, plus riche, …
Et pourtant, à chaque étape, nous percevons qu’on touche à la « perfection absolue ». Comme l’expliquait, un jour dans une émission du matin (Première Édition, F.Culture), Yves Angelo, le réalisateur de « Sur le bout des doigts », cette perfection absolue de l’interprétation musicale fait bien partie de notre quotidien, ce n’est pas un idéal inaccessible.
Nous sommes dans la perfection absolue quand la musique est en adéquation parfaite avec nos émotions, dans le moment de l’exécution. Vous voyez bien, je pense, de quoi je veux parler. Et cette perfection absolue est reconductible, par un chemin long et parfois difficile, dans une recherche permanente. L’idéal est, en outre, l’adéquation avec la création, non seulement à travers ce que le créateur a lui-même apporté, mais dans l’ouverture et l’enrichissement magistral de l’expérience accumulée de nos vies respectives. Et là, il n’y a pas de limites. La marche n’atteint pas le but, mais reste toujours une longue marche d’approche.
Et quelle richesse dans cette approche !
Nicolas Bouvier ajoute, admirablement:
» Cette impossibilité à dire absolument la création, cette marche nocturne et tâtonnante vers un point d’eau que la fugacité, la précarité mais aussi la lourdeur de la condition humaine nous interdisent à tout jamais d’atteindre est sans doute le plus grand cadeau qu’un vivant puisse faire à son semblable. »