Maurice DURUFLE(1902 - 1986)
Organiste et compositeur du XXème siècle, Maurice Duruflé a pu apparaître à certains comme un musicien du passé : "dernier survivant de la grande école de l'orgue symphonique française" (Alain Pâris in Encyclopaedia Universalis) ; il était en effet élève d'Eugène Gigout (orgue) et Paul Dukas (composition) au Conservatoire de Paris, et travailla l'orgue avec Charles Tournemire et Louis Vierne, dont il devint l'assistant, avant d'être titulaire - avec sa femme Marie-Madeleine Duruflé-Chevalier - de Saint Etienne du Mont à Paris.
Artiste discret au catalogue somme toute assez bref, il est une des grandes figures de la musique française du XXème siècle. "La discrétion était la qualité première de Maurice Duruflé : ennemi de tout ce qui aurait pu faire de lui une vedette, il était pourtant reconnu par ses pairs comme l'un des plus grands. Il avait créé le Concerto pour orgue, orchestre à cordes et timbales, en sol mineur de Poulenc en 1938." (Alain Pâris in Encyclopaedia Universalis)
Il compose des oeuvres pour son instrument, mais aussi de la musique vocale et instrumentale, principalement de la musique sacrée : Requiem (1947), Quatre Motets sur des Thèmes Grégoriens pour choeur a cappella (1960), Messe Cum Jubilo pour baryton, choeurs de barytons et orchestre (1966).
Toute son oeuvre est placée sous le signe du chant grégorien :
"Le Requiem avait révélé, lors de sa création sous la baguette de Roger Désormière, un musicien fervent, au langage original, même si ses références étaient César Franck, Gabriel Fauré ou le chant grégorien. Au premier, il emprunte une écriture contrapuntique solide, au second un raffinement harmonique qui le mène aux confins de l'écriture modale. Quant au chant grégorien, il est omniprésent dans son œuvre, sous forme de citations ou en filigrane. Ardent défenseur de cette forme de musique liturgique, il restera toujours hostile aux expériences post-conciliaires et au renouveau hâtif du répertoire qui a suivi. L'œuvre pour orgue de Duruflé se situe dans le prolongement de celle de ses maîtres, Tournemire et Vierne : richesse des registrations propre aux Cavaillé-Coll, recherches de couleurs, mais toujours avec une mesure et un sens poétique évidents."
(Alain Pâris in Encyclopaedia Universalis, article Maurice Duruflé)
"Plusieurs de ses œuvres – et pas seulement le Requiem – sont inspirées du chant grégorien auquel il était si attaché et sans lequel il ne concevait pas la musique.
Citons-le encore : L’art grégorien a porté à un tel point de perfection le chant liturgique que ce serait dans l’ordre de la culture chrétienne, une véritable catastrophe s’il disparaissait. Et ailleurs : Vouloir séparer le chant grégorien de la liturgie catholique, c’est vouloir le mutiler. Son caractère d’universalité porte en lui un des aspects de l’unité de l’église."
Joachim Havard de la Montagne (1986) - Maître de chapelle de la Madeleine Paris - in Musica et Memoria)
Ubi Caritas et Amor (Missel grégorien)