PostHeaderIcon Mateo FLECHA l'Ancien vers 1481-1553)

En 2003 et 2004, le Madrigal a mis à son répertoire une ensalada de Mateo Flecha : "La justa" (la joute).

Qu'est-ce qu'une ensalada ?

Dans son Arte Poética Española (Salamanque, 1592), Juan Diaz Rengifo définit l'ensalada comme « une composition de strophes de quatre vers dans lesquels se mêlent toutes sortes de mètres, non seulement espagnols mais provenant aussi d'autres langues, sans ordre les uns par rapport aux autres, au gré du poète ; et selon la variété des paroles, on change la musique... ». Le terme d'ensalada aurait donc pour origine le mélange entre les mètres et les sonadas qui forment l'œuvre. Comme n'importe quel autre genre musical, la forme subit au fil des ans une certaine évolution. [...] Flecha l'Ancien serait le créateur de l'ensalada classique telle qu'elle a été définie par Diaz Rengifo et basée, du point de vue musical, sur l'alternance des séquences écrites en style madrigalesque et d'autres purement homophones incluant généralement des citations de romances et de chants bien connus à l'époque. Avec Flecha le Jeune, l'ensalada devient presque un madrigal mais la base thématique reste néanmoins un thème traditionnel. (Carmen Gomez)*

Les ensaladas de Flecha l'Ancien

se situent à mi-chemin entre la musique savante et la musique populaire. C'est là peut-être qu'il faut chercher la raison de leur succès. Avec une grande habileté, le compositeur réunit plusieurs chants différents, personnels ou empruntés, qui s'opposent entre eux sans jamais cesser de former une rouvre cohérente et originale. Ça et là surgissent des éléments de surprise, de contraste entre un fragment musical et le suivant, qui devaient intéresser et divertir -du moins pouvons-nous le supposer-l'auditeur du XVI' siècle susceptible de reconnaître les différentes mélodies-parfois plus d'une demi-douzaine-du répertoire hispanique traditionnel qui se succèdent tout au long d'une ensalada. Son texte, mi allégorique, mi peinture de moeurs, est généralement fondé sur l'histoire de la Nativité. Castillan et latin sont utilisés en alternance mais le catalan s'y ajoute parfois. Les onomatopées sont fréquentes et presque toujours employées pour rechercher des effets comiques. (Carmen Gomez)*

* extraits du livret du disque "Ensaladas" - Hespèrion XX - Astrée
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La Justa

BatailleC'est le récit de la Joute entre le Bien et le Mal, et pour le salut de tous, entre Adam, le "padre primero" et Lucifer. Dans la troisième partie, le héros des Chrétiens qui combat Satan, c'est bien sûr le Christ, le nouvel Adam... "Y a vosotros, los christianos : buenas Pascuas e buen año..." : Et à vous, les Chrétiens, bonnes Pâques et bonne année...

Ce récit est très animé : écho des trompettes, de la bataille, imprécations, invocation aux saints pour soutenir le héros et aveugler l'ennemi, questions, moments d' espoir et moments d'abattement ("Adan cayo" : Adam est tombé) ; à ces différents moments correspondent des mélodies populaires espagnoles, des passages en onomatopées (proches de Janequin). Et, conformément au principe de l'ensalada, on peut entendre entre ces passages profanes et populaires en espagnol quelques bribes de polyphonie sacrée en latin. (Bruno Parmentier, pour Le Madrigal)

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